Argentine : Milei promet plus d'austérité
Le président argentin Javier Milei a présenté ce dimanche devant le Congrès un projet de budget pour l’année 2025 qui doit ramener le déficit budgétaire du pays à 0% du PIB.
Rompant avec la tradition, c’est le président argentin qui a présenté ce budget devant le Congrès en lieu et place du ministre de l’Économie. Une façon pour Javier Milei de transformer cette présentation en un moment solennel, “décisif” pour l’avenir du pays selon lui.
Le président a annoncé de nouvelles coupes budgétaires, affirmant qu’il était primordial de penser d’abord à comment faire des économies, avant d’envisager de nouvelles dépenses. Lors de son discours de 30 minutes devant un Congrès à moitié vide, boycotté par l’opposition, Javier Milei a persisté dans sa volonté de “réduire la taille de l’État” pour faire plus de place aux citoyens et aux entreprises. Il a également expliqué que son gouvernement tablait en 2025 sur une croissance du PIB de 5% et une inflation annuelle de 18% et a promis qu’il mettrait son veto sur tout projet de loi qui “menacerait l’équilibre budgétaire”.
Depuis son investiture en janvier dernier, le président argentin a appliqué un programme d’austérité drastique afin de réduire le déficit budgétaire du pays et l’inflation. Une politique qui a pour l’instant donné des résultats en demi-teinte. Le pays a enregistré un excédent budgétaire de 0,4% du PIB sur les six premiers mois de l’année, le premier depuis vingt ans. L’inflation mensuelle a certes baissé, à 4,2% sur le mois d’août, mais reste importante en rythme annuel, à 236,7%. Néanmoins l’austérité du gouvernement Milei touche les plus vulnérables. Le taux de pauvreté flirte avec les 60% depuis plusieurs mois selon l’Université Catholique de Buenos Aires. De plus, la consommation des ménages a baissé de 15% depuis le début de l’année et la dette publique a atteint un niveau record en août à 458 milliards USD.
Le budget doit être soumis au vote du Congrès où le parti présidentiel est en position de faiblesse. Avec seulement 15% des sièges, le gouvernement voit son action grandement ralentie par l’opposition, majoritaire. Celle-ci a récemment réussi a voté une loi pour augmenter les pensions de retraite, allant à l’encontre de la rigueur budgétaire voulue par Javier Milei. Le président a mis son véto à cette loi, provoquant la colère de certains argentins et menant à des affrontements avec la police devant le Congrès. Le Congrès à son tour n’a pas réussi a réunir les deux tiers des voix nécessaires pour contourner le véto présidentiel.
Cet affrontement institutionnel ne semble pas prêt de se dissiper. Il n’est donc pas certain que Javier Milei puisse faire passer le budget qu’il a défendu ce dimanche et encore moins qu’il puisse appliquer la cure d’austérité promise.