Venezuela : quels scénarios avant l'élection présidentielle ?
L'élection de ce dimanche 28 juillet peut représenter un changement historique pour le pays.
À quelques jours de l’élection présidentielle au Venezuela, l’incertitude règne sur l’issue du scrutin. L’opposition, menée par Edmundo Gonzalez et Maria Corina Machado est en tête des sondages depuis plusieurs mois. Néanmoins le régime de Nicolas Maduro ne semble pas disposé à accepter la défaite qui se dessine.
L’enthousiasme grandissant vis-à-vis d’une victoire de l’opposition vénézuélienne a atteint son paroxysme lors d’un rassemblement à Maracaibo ce mardi 23 juillet, dernier jour officiel de la campagne présidentielle.
Durant la campagne, le régime de Nicolas Maduro a usé de diverses manœuvres pour faire obstacle à l’opposition. Ces dernières semaines, les forces de police du gouvernement ont arrêté plusieurs militants de façon arbitraire et perturbé le bon déroulement des meetings de l’opposition. Une douzaine de médias indépendants ont été censurés le weekend dernier et ces derniers jours l’opposition a rencontré des difficultés pour inscrire ses observateurs électoraux auprès du Conseil National Electoral (CNE).
Malgré cela, l’opposition est restée unie autour d’Edmundo Gonzalez. L’ancien diplomate, qui a remplacé Maria Corina Machado pour la candidature à la présidentielle, est crédité d’une avance de plus de 20 points sur Nicolas Maduro dans les derniers sondages. L’espoir d’un vrai changement semble plus que jamais permis au Venezuela mais tous les scénarios restent possibles pour le scrutin de ce dimanche.
De nombreux analystes craignent en effet une tentative de fraude électorale, éventuellement appuyée par l’armée. Nicolas Maduro pourrait se déclarer vainqueur d’une courte avance et affirmer que la démocratie a pleinement joué son rôle. Un tel scénario pourrait déclencher un soulèvement contre le pouvoir. Le rôle de l’armée serait alors à observer puisqu’il n’est pas certain que les officiers maintiennent leur soutien à Maduro. Récemment, le président vénézuélien a déclaré que le pays pourrait “tomber dans un bain de sang, une guerre civile fratricide” si l’opposition l’emportait.
Une victoire dans les urnes d’Edmundo Gonzalez resterait fragile puisque les autorités électorales, avec l’aval de Maduro, pourraient déclarer invalide sa candidature, même après le scrutin. Une décision qui pourrait prendre du temps à se matérialiser afin de faire retomber l’euphorie de l’élection. Le soutien de la communauté internationale et de figures comme Lula serait alors crucial pour apporter une crédibilité politique à l’opposition et mettre la pression sur le gouvernement Maduro. Le président brésilien a demandé cette semaine à ce que Nicolas Maduro respecte scrupuleusement le processus électoral.
Les résultats des élections pourraient cependant ne pas être connus ce dimanche et mettre du temps à être validés par le CNE, avant de finalement être reconnus invalides. Un scénario déjà anticipé par Nicolas Maduro qui a évoqué durant sa campagne un “plan” de l’opposition qui viserait à couper l’électricité durant la nuit de l’élection et ainsi affecter le décompte des voix.
Enfin, il existe un scénario selon lequel Nicolas Maduro, s’il est battu lors de ces élections, accepte de négocier une transition démocratique avec l’opposition en échange probablement d’une amnistie judiciaire et de la garantie que le parti du président conserve son contrôle sur les pouvoirs judiciaire et législatif. Une hypothèse qui semble la moins probable à ce jour.
Dans tous les cas, le scrutin de dimanche représente un tournant historique pour le Venezuela, gouverné par le chavisme depuis 1998 et plongé dans une crise économique et sociale sans précédent depuis 2013. En dix ans, on estime que plus de 20% de la population du Venezuela a quitté le pays. Selon un récent sondage, 15% de ceux qui y vivent toujours seraient prêts à quitter eux aussi le Venezuela si Nicolas Maduro venait à se maintenir au pouvoir.