Argentine : vote décisif pour Javier Milei

Le Sénat argentin pourrait faire échouer les réformes majeures souhaitées par le président.

Le président de l’Argentine Javier Milei fait face à un vote décisif au Sénat - Photo : Leandro Teysseire

C’est une échéance capitale qui attend Javier Milei ce mercredi alors que le Sénat argentin doit se prononcer sur la Ley Bases, une série de réformes économiques majeures que le président essaye de faire passer depuis plusieurs mois. L’issue des délibérations est encore très incertaine car l’opposition pourrait supprimer plusieurs dispositions du texte, notamment la réintroduction d’une taxe sur les revenus et la privatisation de certaines entreprises nationales comme Aerolinas Argentinas.

Le gouvernement de Javier Milei est en pleine zone de turbulences après une “semaine noire” pour l’exécutif. À la Chambre des représentants, les partis d’opposition ont fait front commun afin d’amender plusieurs réformes proposées par le président argentin. Les députés ont notamment voté une hausse des pensions de retraites, allant ainsi à l’encontre des coupes budgétaires faites par le président. Javier Milei, dont le parti est minoritaire dans les deux chambres, a menacé de mettre son veto à ce projet de loi s’il venait à être approuvé au Sénat.

Le gouvernement argentin est également vivement critiqué suite aux révélations concernant la rétention par le ministère du Capital Humain de 5.000 tonnes de nourriture, destinée à des organisations sociales. La nourriture avait été retenue par le gouvernement argentin qui ne souhaitait pas laisser les syndicats la distribuer. A la tête de ce méga-ministère du Capital Humain, Sandra Pettovello fait l’objet de critiques pour sa gestion des dossiers et de son staff et ne compte plus que sur le soutien du président.

L’affaire s’est ajouté aux nombreuses critiques vis-à-vis du gouvernement et des impacts de sa politique d’austérité sur les classes les plus défavorisées. D’importantes manifestations et grèves ont eu lieu ces dernières semaines de la part des syndicats de professeurs, mais aussi de policiers et de médecins.

Les Argentins payent le prix fort des premiers ajustements économiques de Javier Milei. Le taux de pauvreté à atteint 55% sur le premier trimestre 2024, causée en grande partie par la dévaluation du peso décidée par Javier Milei au lendemain de sa prise de fonctions. Le gouvernement essaye cependant de relativiser la situation, mettant en avant des chiffres positifs pour l’économie argentine : le gouvernement a réussi à dégager un excédent budgétaire trimestriel pour la première fois depuis 2015 et l’inflation mensuelle est en baisse depuis janvier (+8,8% sur le mois d’avril).

Signe de l’importance du vote de mercredi, Javier Milei a annulé son déplacement en Europe prévu cette semaine pour se concentrer sur son agenda national. Le président essaye de mobiliser tous les soutiens qu’il peut pour éviter un scénario critique ce mercredi. Si elle se confirme, l’impuissance du gouvernement argentin à faire passer ses réformes pourrait déclencher une crise de confiance majeure.