Argentine : le péronisme n'est pas mort
Sergio Massa affrontera Javier Milei au second tour de l'élection présidentielle.
Le premier tour des élections présidentielles se déroulait ce dimanche 22 octobre en Argentine. Le scrutin, très attendu, à vu l’actuel ministre de l’économie Sergio Massa arriver en tête avec environ 37% des votes exprimés. Javier Milei, le candidat ultra-libéral de droite est arrivé en seconde position avec 30% des voix. Les deux candidats s’affronteront dans un deuxième tour le 19 novembre prochain.
Le score de Sergio Massa est une surprise. Le candidat qui représente le gouvernement sortant gagne presque 10 points dans les suffrages par rapport aux élections primaires. Toutefois, il s’agit aussi d’un score faible pour le parti présidentiel comparé aux 48% obtenus par Alberto Fernandez, élu dès le premier tour en 2019.
Ces dernières semaines, les sondages laissaient planer l’incertitude sur la présence de Sergio Massa au second tour. Mais avec sept points d’avance sur le deuxième, il semble que “la machine péroniste” se soit mise en route au bon moment. L’équipe du ministre de l’économie a réussi son pari en mobilisant le camp péroniste dans les différentes provinces du pays, mais aussi en faisant voter des réductions d’impôts quelques semaines avant le scrutin ou encore en affichant dans les transports et les hôpitaux des tarifs sans subventions, tels qu’ils seraient pratiqués si Javier Milei venait à être élu.
Le parti présidentiel Union por la Patría obtient également une victoire au Parlement alors que la moitié des sièges de députés et un tiers des sièges de sénateurs étaient remis en jeu ce dimanche. En effet, le parti de Sergio Massa récupère de peu une majorité au sein de la Chambre des Députés et conserve quasiment tous ses sièges au Sénat. Dans les deux cas, le parti de Javier Milei La Libertad Avanza gagne des sièges alors que le parti Juntos por el Cambio de Patricia Bullrich en perd. Néanmoins, dans cette configuration, aucun parti ne disposera d’une majorité absolue.
Le 19 novembre prochain, Sergio Massa affrontera Javier Milei, qui réussit à faire le même score qu’aux élections primaires (30%). C’est une victoire historique pour le candidat d’extrême droite qui souhaite dollariser l’économie et “découper les dépenses publiques à la tronçonneuse” comme il l’affirme. En arrivant au deuxième tour et en gagnant des sièges dans les deux chambres, son mouvement La Libertad Avanza s’inscrit comme la nouvelle force d’opposition au clan Kirchneriste.
Toutefois, Javier Milei n’a pas réussi à améliorer son score par rapport aux primaires, laissant penser que son discours agressif et ses prises de position radicales ont atteint leurs limites. Même s’il dispose d’une base électorale très solide, les résultats du scrutin semblent indiquer que beaucoup d’Argentins ont souhaité lui faire barrage en votant pour Sergio Massa, le candidat le plus à l’opposé de Javier Milei.
S’il souhaite battre Sergio Massa, Javier Milei devra donc adopter un discours plus “centriste”, nécessaire s’il veut attirer les voix des partisans de Juntos por el Cambio, vers qui tous les yeux sont désormais tournés. Dès dimanche soir, il a semblé vouloir rassurer les électeurs argentins en affirmant : “nous ne venons pas pour supprimer des droits, nous souhaitons éliminer les privilèges”.
Dans la soirée, Patricia Bullrich, qui finit troisième de cette élection, a quant à elle laissé entendre qu’elle pourrait soutenir Javier Milei plutôt que Sergio Massa, affirmant qu’elle ne serait “jamais complice de la mafia qui a détruit ce pays”. Le choix entre Milei et Massa va certainement diviser les centristes de Juntos por el Cambio en deux clans puisque les figures les plus modérées du parti ne souhaitent pas s’allier à Javier Milei. Le second tour s’annonce donc serré et les deux parties ont quatre semaines pour essayer de récupérer l’électorat du centre.
Les Argentins devront choisir entre le status quo que représente Sergio Massa et le virage à 180 degrés promis par Javier Milei. Dans les deux cas, l’issue du scrutin du 19 novembre devrait alimenter les divisions politiques et donner au vainqueur un mandat fragile, sans majorité parlementaire et avec peu de visibilité sur le long terme.