Equateur : Daniel Noboa élu président
Le candidat de droite a promis de re-dynamiser l'économie et d'adopter une approche plus stricte face à l'insécurité.
Plus de 13 millions d’électeurs étaient appelés à voter ce dimanche 15 octobre au second tour de l’élection présidentielle en Equateur qui s’est soldé par la victoire du candidat de droite Daniel Noboa, récoltant 52,1% des suffrages exprimés. Il devient à 35 ans le plus jeune président qu’ait connu le pays andin. Son adversaire, Luisa Gonzalez, héritière désignée de l’ex-président de gauche Rafael Correa, a reconnu sa défaite avant même la fin des dépouillements.
Daniel Noboa a réussi à convaincre les Equatoriens à travers une campagne centrée sur deux piliers : la lutte contre l’insécurité et l’ouverture de l’économie. Depuis quelques années, l’Equateur est en effet touché par une forte hausse de la violence, liée notamment au trafic de drogue. Le pays, traditionnellement pacifiste, avait été profondément choqué par l’assassinat de Fernando Villavicencio, un des candidats à la présidentielle, quelques semaines avant le premier tour. Signe de cette violence qui créé un climat d’anxiété en Equateur, les deux candidats portaient un gilet pare-balles pour aller voter.
Face à Luisa Gonzalez, Daniel Noboa a su se faire passer pour un outsider et incarner un renouveau de la classe politique équatorienne. Mais le président élu, qui prendra ses fonctions en décembre est loin d’être un inconnu des Équatoriens. En effet, Daniel Noboa est le fils du richissime homme d’affaires Alvaro Noboa, à la tête d’un véritable empire bananier en Equateur et candidat à l’élection présidentielle à plusieurs reprises entre 1988 et 2006. Un héritage que le candidat a essayé de minimiser lors de sa campagne. Daniel Noboa a travaillé dans l’entreprise de son père avant de devenir député en 2021.
Au soir de sa victoire, Noboa a affirmé vouloir entamer la reconstruction d’un pays “gravement frappé par la violence, par la corruption et par la haine”. Le président élu souhaite en effet dynamiser l’économie en attirant plus d’entreprises étrangères et en favorisant la création d’emplois. Il a également promis une approche plus stricte face à la montée de la violence. Il propose notamment de maintenir en détention certains prisonniers sur des bateaux au large de l’Equateur, alors que plusieurs prisons du pays sont devenues de véritables centres d’opération du narcotrafic.
L’économie équatorienne a été particulièrement affectée par la crise du Covid-19. Depuis plusieurs années, le manque d’opportunités professionnelles entraine le départ de nombreux jeunes Équatoriens à l’étranger. La montée de l’insécurité sous différentes formes (criminalité, fusillades, vols) liée au narcotrafic fragilise également les institutions du pays, qui n’ont jamais eu à faire face à un tel phénomène.
Que ce soit sur l’économie ou sur la sécurité, la tâche de Noboa sera d’autant plus difficile à relever que son mandat ne coure que jusqu’en 2025 et qu’il ne disposera pas d’une majorité au Congrès équatorien. Le partie Révolution Citoyenne de la candidate Luisa Gonzalez a en effet obtenu 50 sièges sur 137 contre 14 pour le parti de Noboa. La situation est donc très similaire à celle qui a conduit le président sortant Guillermo Lasso a dissoudre le Parlement en mai dernier. Ces élections anticipées n’auront pas permis une véritable reconfiguration du paysage politique équatorien. Dans ce contexte, il est difficile de penser que le nouveau président aura la marge de manoeuvre nécessaire pour apporter des changements significatifs.
La défaite de Luisa Gonzalez constitue un nouvel échec politique pour la gauche corréiste en Equateur. Le mouvement politique de l’ancien président Rafael Correa a une nouvelle fois été rejeté par la population dans les urnes. Déjà en 2021, Guillermo Lasso avait battu le candidat corréiste Andrés Arauz avec 52% des votes, alors que ce dernier disposait d’une large avance après le premier tour. Le mouvement “Révolution Citoyenne” semble cristalliser les divisions du pays : il dispose toujours d’une base populaire solide mais une majorité des Equatoriens y est farouchement opposé.
Exilé depuis 2018 en Belgique, après avoir été condamné à huit ans de prison pour corruption, l’ancien président Correa (2007-2017) est resté influent dans la vie politique équatorienne. Luisa Gonzalez souhaitait même en faire un conseiller spécial si elle devenait présidente. Une stratégie qui n’aura pas convaincu et qui doit pousser la gauche à se remettre en question alors qu’une nouvelle élection présidentielle aura lieu dans quinze mois.