Equateur : revers politique pour Guillermo Lasso

Les résultats des élections locales et du referendum qui se sont tenus ce dimanche apparaissent comme un échec politique majeur pour le président.

Leonidas Iza, chef de l'organisation indigène équatorienne CONAIE, vote lors d'un référendum constitutionnel et d'élections locales, à Latacunga, en Équateur, le 5 février 2023. REUTERS/Karen Toro

Le referendum national et les élections locales qui se tenaient ce dimanche 5 janvier en Equateur ont rendu un verdict amer pour le président Guillermo Lasso.

Les élections de dimanche ont livré des résultats inattendus puisque le parti du président Guillermo Lasso “CREO” n'a remporté aucune province dans le pays. Au contraire, le parti Revolution Citoyenne (Revolucion Ciudadana) de l’ex-président Rafael Correa, a remporté de nombreuses municipalités et préfectures, dont la capitale Quito ainsi que Guayaquil, les deux plus grandes villes du pays. À Guayaquil, la victoire d'Aquiles Alvarez, un proche de Rafael Correa, marque la fin d'un règne de 31 ans pour la droite.

Le parti de gauche indigéniste Pachakutik realise lui aussi un bon score dans ces élections avec quelques victoires importantes localement. Globalement, les résultats de ces élections représentent une vraie défaite pour Guillermo Lasso et un basculement politique du pays à gauche.

Les élections de ce dimanche étaient aussi l’occasion pour les Equatoriens de se prononcer sur un référendum constitutionnel. Celui-ci soumettait huit propositions aux Equatoriens sur différents sujets : réduire le nombre de députés, étendre les prérogatives de l’armée en matière de lutte contre le narcotrafic, faciliter l’extradition d’Equatoriens condamnés pour crime organisé, ou encore améliorer la transparence démocratique. Guillermo Lasso, à l’initiative de ce référendum, souhaitait ainsi contourner le Congrès où il n’a pas la majorité nécessaire pour faire passer certaines réformes. Les sondages semblaient indiquer qu’une grande partie des Equatoriens était favorable à la plupart des propositions du referendum. Mais les résultats de dimanche indiquent une victoire du “non” sur toutes les propositions soumises à consultation.

Les résultats des élections résonnent comme une vraie sanction à l’égard du gouvernement alors que le président souffrait d’un taux d’approbation très bas à 15% fin janvier et comptait sur ce vote pour remonter dans les enquêtes d'opinion. Il a reconnu lundi soir l’échec du referendum et a appelé à un “grand accord national” pour résoudre les problèmes du pays. Mais pour certains analystes, les résultats de ces élections locales montrent à quel point les Equatoriens n’ont plus confiance dans le gouvernement national et comptent d’avantage sur les échelons locaux pour s’occuper de leurs problèmes du quotidien : l’insécurité, l’emploi et la santé.

Élu en 2021, Guillermo Lasso, ancien banquier d’affaires, avait débuté son mandat sur un bilan relativement positif, en accélérant la vaccination contre le covid-19 dans le pays (l'un des plus durement touchés par la crise sanitaire en Amérique latine) et en atteignant différents objectifs économiques dans le cadre d’un prêt du FMI. Mais la crise qu’a traversé le pays à l’été 2022 a fortement érodé la réputation du président. Impactés par l’inflation et protestant contre des projets d’exploitation minière, une partie des Equatoriens et notamment les communautés indigènes avaient manifesté pendant plusieurs semaines contre le gouvernement. De plus, l’insécurité liée au narcotrafic est devenue en 2022 une des principales préoccupations des Equatoriens.

Les résultats des élections de dimanche apparaissent comme un désaveu pour le président, qui se retrouve plus isolé que jamais politiquement. La victoire des partis de gauche marque un basculement politique et pourrait être annonciateur d’un retour de Rafael Correa sur le devant de la scène ou au moins en coulisses. L’ex-président, qui s’est exilé en Belgique en 2018 et qui fait l’objet de plusieurs condamnations pour corruption en Equateur, garde en effet une influence significative dans la vie politique de son pays. Mais son retour aux affaires paraît difficilement envisageable étant donné les condamnations à son encontre.