Le Panama se tourne vers les cryptomonnaies
Après le Salvador et la Centrafrique, le Panama pourrait devenir le troisième pays au monde à adopter les cryptomonnaies comme monnaie légale. C'est en effet ce que laisse penser un projet de loi voté par l'Assemblée le jeudi 28 avril.
Le projet de loi vise à autoriser l’utilisation de cryptomonnaies tels que le Bitcoin et l’Ethereum pour les particuliers et les entreprises. Il doit également permettre une meilleure inclusion financière, la modernisation des systèmes de paiement et la tokenisation des métaux précieux.
Selon le député Gabriel Silva, qui a défendu ce projet de loi, il ne s’agit là que d’une première étape pour faire du Panama un “centre d’innovation et de technologie” dans le domaine des cryptomonnaies. Si elle est signée par le président Lorentino Cortizo, cette loi pourrait ouvrir la voie à une modernisation de l’Etat d’Amérique centrale basée sur la blockchain.
Le Panama pourrait ainsi devenir le second pays d’Amérique latine à faire le pari des cryptomonnaies. Si les cryptomonnaies rencontrent un tel succès dans la région c’est parce que le Bitcoin ou l’Ethereum répondent aux besoins des particuliers et des entreprises dans ces pays. En effet, en Amérique latine les transferts d’argent depuis l’extérieur (remesas) sont très courants et représentent une part importante des flux financiers. Réaliser ces transferts en Bitcoin permet d’échapper à des commissions parfois élevées et des temps de traitement importants. Les cryptomonnaies sont aussi un moyen de ne pas subir la volatilité des monnaies locales. Par exemple au Venezuela et en Argentine les taux d’inflations significatifs entrainent une dévaluation de la monnaie nationale. Même si le Bitcoin et l’Ethereum sont des cryptomonnaies qui restent volatiles, elles semblent être plus stables que le peso argentin ou le bolivar vénézuélien.
Les cryptomonnaies sont aussi populaires en Amérique latine parce qu’elles ne sont pas contrôlées par des institutions gouvernementales. Dans toute la région, la défiance vis-à-vis de la classe dirigeante est forte et le contrôle de la monnaie est devenu un instrument important des politiques économiques nationales. Par conséquent, l’inclusion financière est très faible dans la région et de nombreuses personnes n’ont pas accès à des services financiers de base ni à certaines prestations sociales. A terme, l’adoption de cryptomonnaies comme monnaie officielle pourrait ainsi favoriser l’inclusion financière dans ces pays.