Amérique latine : records d'inflation en mars
Les économies latino-américaines ont connu en mars des taux d’inflation élevés, sous l’effet de la flambée des prix des matières premières. Cette tendance devrait pousser les banques centrales à relever des taux d’intérêts déjà hauts, et accentuer les tensions politiques.
En mars, l’inflation a dépassé les prévisions les plus pessimistes au Brésil et au Chili, selon les chiffres officiels publiés début avril. Des chiffres qui confirment une tendance régionale puisque la Colombie, le Pérou et le Mexique avaient déjà annoncé des taux d’inflation élevés.
Au Brésil, l’inflation s’est établie à 1,62% sur un mois, soit la hausse la plus importante depuis 2003, et de 11,30% sur un an. Cette hausse des prix est due principalement à l’augmentation de 6,95% du prix des carburants sur le mois de mars (+27,48% sur un an). Le taux d’intérêt principal (Selic) de la Banque centrale brésilienne qui est de 11,75% actuellement, pourrait être revu à la hausse jusqu’à 13% lors du prochain rassemblement du Comité de politique monétaire au mois de mai.
Au Chili, les prix à la consommation ont augmenté de 1,9% sur le mois de mars et de 9,3% sur un an, un plus haut depuis presque trente ans. Le pain a augmenté de 5,9% et l’énergie de 2,6%. La Banque centrale chilienne a averti que cette tendance pourrait continuer sur tout le premier semestre 2022.
Au Mexique, l’inflation à atteint 7,45% sur un an, un niveau record depuis 2001 et légèrement au-dessus des prévisions. Là encore, les prix des denrées alimentaires et de l’énergie représentaient les principaux moteurs de cette inflation.
Enfin, en Argentine, les chiffres de l’inflation qui seront révélés ce mercredi 13 avril devraient s’établir à 5,8 %, soit la plus forte hausse depuis le début du mandat du président Alberto Fernandez.
Cette pression inflationniste plonge les banques centrales et les gouvernements d’Amérique latine dans une situation difficile. Dans de nombreux pays de la région les taux d’intérêts avaient déjà été relevés ces derniers mois ; ce afin de faire face aux contraintes logistiques internationales liées à la pandémie du covid-19 et à l’inflation provoquée par les mesures de relance. Alors que les banques centrales envisageaient un resserrement progressif des taux d’intérêt en 2022, le contexte géopolitique international vient ajouter une pression supplémentaire sur les prix. Un contexte source de tensions pour les gouvernements en place.
Au Pérou, la hausse des prix du carburant, des denrées alimentaires et la pénurie d’engrais sont à l’origine de manifestations importantes depuis deux semaines. Des grèves menées par les transporteurs péruviens ont paralysé plusieurs villes du pays dont la capitale Lima. Le président Pedro Castillo, en difficulté sur le plan politique, a supprimé certaines taxes sur les carburants et a proposé des subventions au secteur agricole.
La filière du riz, aliment de base de la cuisine péruvienne, est particulièrement touchée. Selon l'Association péruvienne des producteurs de riz, les prix des engrais utilisés dans les cultures de riz ont presque quadruplé dans un contexte de pénurie de l'offre, aggravant l'inflation des coûts pour la plupart des producteurs.
Au Brésil, l’entreprise pétrolière publique Petrobras a annoncé en mars qu'elle allait augmenter les prix des carburants jusqu'à 25%, à défaut de pouvoir contrôler la hausse. L’annonce a provoqué la colère des Brésiliens et du président Jair Bolsonaro qui a limogé le directeur exécutif de Petrobras fin mars.
Au Chili, le contexte inflationniste pourrait affecter le début de mandat de Gabriel Boric. Le président, en poste depuis début mars, voit déjà sa côte de popularité baisser notamment à cause de la hausse des prix. Dans un plan économique de relance 3,7 milliards de dollars dévoilé la semaine dernière, il souhaite geler le prix des transports publics et contenir la hausse du kérosène et de l’essence.