Argentine : l’accord avec le FMI validé par le Congrès

Ce vendredi 11 mars 2022, le Congrès argentin a approuvé l’accord trouvé il y a quelques semaines entre le FMI et le gouvernement sur les nouvelles modalités de remboursement de la dette du pays. Un accord très attendu qui éloigne le risque de défaut qui pesait sur le pays.  

Réuni ce 11 mars, le Congrès argentin a ratifié un accord passé entre l’Argentine et le Fonds monétaire international fin janvier. Il fixe les modalités de remboursement d’une dette de 44,5 milliards USD par l’Argentine au FMI. 

En juin 2018, le gouvernement de Mauricio Macri avait conclu un prêt record de 57 milliards USD auprès du FMI. Cette aide financière devait permettre au gouvernement d’éviter une crise économique liée à une forte dévaluation du peso argentin. Depuis, le changement de gouvernement fin 2019 et la crise sanitaire ont forcé les deux parties à repousser les échéances de remboursement et à renégocier leurs modalités. Selon l’ancien calendrier, un remboursement de 2.85 milliards USD devait ainsi avoir lieu ce 22 mars. Un paiement que le pays n’aurait pas pu honorer selon le ministre de l’Economie Martin Guzman. 

En repoussant à 2023 les échéances de remboursement, l’accord permet donc au gouvernement d’envisager les prochains mois plus sereinement. D’autant plus que le FMI n’a cette fois pas exigé l’application de réformes structurelles ni de mesures d’austérité. Il s’agit d’un tournant dans l’approche du FMI, qui a revu sa position pour accepter des conditions plus favorables à l’Argentine. Un revirement qui a permis d’apaiser les discussions avec le gouvernement d’Alberto Fernandez; celui-ci avait en effet exprimé à plusieurs reprises sa réticence à négocier avec le FMI et à se soumettre à des réformes imposées par Washington. 

L’accord fixe tout de même des objectifs à l’Argentine : la réduction progressive de son déficit public (un point majeur pour le FMI) de 3% en 2021 à 0% en 2025, l’arrêt graduel des mesures de soutien monétaire prises par la Banque centrale, la baisse de l’inflation, la promotion des secteurs économiques générant des devises étrangères (principalement les secteurs exportateurs) et l’implémentation de taux d’intérêts positifs. L’Argentine se fixe aussi comme objectif d’accumuler 5 milliards de réserves en dollars américains d’ici la fin de cette année 2022.

Cette approche progressive et non contraignante doit permettre à l’économie argentine de se relever et de profiter d’un rebond économique qui s’est amorcé suite à la crise du Covid-19. En effet, après avoir connu des restrictions particulièrement dures liées à la crise sanitaire, le pays connaît un rebond économique significatif depuis fin 2021. La croissance du PIB devrait s’établir à presque 10% en 2021, un niveau bien plus élevé qu’attendu. Les projections de l’OCDE affichent une croissance à 2,2% en 2022 et 2,5% en 2023. 

L'Argentine reste cependant marquée par une inflation très élevée ces dernières années. En 2021, elle avait atteint 50,9%, contre 53,8% en 2019 et 36,1% en 2020. Le ministre de l’économie Martin Guzman espérait en décembre dernier que l’inflation ne dépasse pas 33% en 2022. Toutefois, la reprise de l’économie mondiale et le conflit entre la Russie et l’Ukraine sont sources de pression sur les prix des matières premières. Si ce contexte peut profiter au secteur exportateur, il va également impacter les prix pour le consommateur argentin. Or, la hausse des prix reste la principale menace pour l’économie argentine. Et même si le président Alberto Fernandez a gagné du temps grâce à cet accord passé avec le FMI, il devra s’assurer que le pays soit en mesure d’honorer ses dettes en 2023. Le fait qu’aucune réforme structurelle ne soit demandée à l’Argentine pourrait être un facteur d’incertitudes pour les investissements étrangers que le pays souhaite attirer.