Brésil : le retour coûteux de l'interventionnisme
La politique interventionniste de Lula dans l'économie fragilise l'équilibre budgétaire du Brésil
Un an après son retour au pouvoir, Lula a remis au goût du jour une approche interventionniste pour l’économie brésilienne.
La première année du troisième mandat de Lula a été positive sur le plan économique puisque le Brésil a enregistré une croissance de son PIB de 3,0%, à la faveur d’un regain de confiance des investisseurs et de bonnes performances du secteur exportateur.
Le président brésilien s’est fixé pour objectif de remettre d’aplomb une économie qui stagne depuis une dizaine d’années, fragilisée par la baisse du cours des matières premières, l’affaire “Lava Jato” et ses conséquences sur le secteur industriel ainsi que la gestion catastrophique du Covid-19 par son prédécesseur Jair Bolsonaro.
Dans un discours le mois dernier, Lula a affirmé qu’il voulait “transformer le Brésil en un pays de classe moyenne” et que ces investissements “aideront le Brésil à grandir”. Pour cela, le président brésilien ne lésine pas sur les moyens, considérant que l’Etat doit être le moteur de cette transformation. Depuis un an en effet, les dépenses budgétaires du Brésil ont augmenté de façon considérable.
Entre janvier et novembre 2023, le deficit budgétaire du pays a atteint 114,6 milliards de reais (23 milliards de dollars US) alors que l’année 2022 s’était conclue avec un surplus de 49,7 milliards de reais. Lula a rétabli certains programmes d’aides sociales, relancé des chantiers industriels d’ampleur, notamment dans les hydrocarbures et concédé d’importants investissements en faveur de la transition énergétique. Ce lundi, il a annoncé un plan de ré-industrialisation sur dix ans d’une valeur de 300 milliards de reais (60 milliards USD).
Une nouvelle annonce qui confirme le retour d’une politique interventionniste au Brésil, calquée sur le modèle qui a porté ses fruits au début des années 2000. Mais pour certains analystes, cette approche est risquée. L’augmentation des dépenses est une source d’inquiétudes pour la stabilité financière du pays, ce alors que la banque centrale doit encore manœuvrer avec prudence pour lutter contre l’inflation et que le contexte international n’est pas aussi favorable qu’il y a vingt ans.
En 2024, la croissance du PIB brésilien devrait s’atténuer, à 1,6%. Lula espère cependant que la réforme fiscale majeure (et très attendue) votée en décembre puisse porter ses fruits cette année et que l’inflation diminue rapidement. Malgré les inquiétudes, le gouvernement brésilien conserve son objectif d’un deficit ramené à 0% fin 2024. Pour ce faire, l’Etat brésilien pourrait supprimer de nombreuses exemptions fiscales. Certaines taxes ont déjà été augmenté en fin d’année sur l’importation de véhicules électriques.