Argentine : retour à la réalité pour Javier Milei
Les réformes radicales du président se heurtent à la contestation populaire et à des divisions internes.
Les premières semaines de Javier Milei à la tête de l’Argentine sont marquées par des difficultés politiques. Le président ultralibéral, qui avait promis une thérapie de choc pour redresser l'économie du pays, voit une partie de ses réformes bloquées par la justice et la contestation sociale.
Le 3 janvier, la justice argentine a en effet suspendu les provisions portant sur le droit du travail incluses dans un “méga-décret” promulgué par le président. Ce décret vise à abroger de nombreuses lois pour déréguler l’économie argentine. Il prévoit notamment de supprimer la limitation du travail à temps partiel et d’assouplir les règles de licenciement. Ces mesures ont été vivement critiquées par les syndicats et les partis de gauche et ont été provisoirement suspendues par la Chambre nationale du Travail. Javier Milei a dénoncé cette décision comme une "atteinte à la souveraineté nationale" et a annoncé qu'il allait faire appel devant la Cour suprême.
Le président argentin est également confronté à une contestation sociale croissante. Le 20 décembre dernier, une grève générale a été organisée par les syndicats pour protester contre les réformes de Milei. La manifestation a réuni plusieurs centaines de milliers de personnes à Buenos Aires et dans d'autres villes du pays. Milei a qualifié cette grève de "coup d'État", tout en reconnaissant que les difficultés économiques du pays suscitaient de la colère.
Le président argentin semble déjà se confronter à la dure réalité de son mandat qui reste très fragile. Sans majorité au Congrès, Javier Milei doit faire face à la pression d’obtenir des résultats économiques rapidement, une contestation sociale croissante mais aussi, déjà, à des tensions internes qui se dessinent dans son gouvernement. Selon plusieurs médias, deux camps semblent en effet se former au sein du gouvernement de Javier Milei : une aile pragmatique qui prône des positions nuancées, en faveur de victoires politiques même marginales ; et une aile “maximaliste” qui souhaite faire passer toutes les réformes annoncées sans concessions, quitte à connaître des revers politiques plus importants.
Les prochaines semaines pourraient déjà être décisives pour Javier Milei alors qu’un important mouvement de grève est annoncé pour le 24 janvier. Le président argentin espère pouvoir resister à ces turbulences jusqu’à ce que les chiffres de l’économie s’améliorent, ce qui lui donnerait une crédibilité politique significative. Javier Milei a récemment affirmé que l’inflation du mois de décembre pourrait atteindre 30%, un “succès phénoménal” selon lui, alors que le chiffre de 45% était annoncé auparavant.