Le temps fort de l'économie mexicaine
La deuxième économie d'Amérique latine confirme son statut de moteur de la région en surpassant les prévisions.
Le Mexique, la deuxième économie la plus grande d’Amérique latine et la huitième au monde, se distingue ces derniers mois par sa bonne santé économique. Dans un environnement global compliqué, l’économie mexicaine a prouvé sa robustesse ces derniers mois et continue de surpasser les prévisions des analystes, confirmant ainsi son statut de moteur économique de la région, aux côtés du Brésil.
L’économie mexicaine a particulièrement performé sur la première moitié de l’année 2023. Avec une croissance de 1% et 0,8% sur les trimestres 1 et 2 respectivement, le Mexique enregistre désormais sept trimestres consécutifs avec une croissance positive. Récemment, la CEPAL a rehaussé ses prévisions de croissance pour l’année 2023, à 2,9% contre 1,8% prévu en avril dernier. Après avoir connu un pic à plus de 8% en janvier, l’inflation mensuelle est aussi en baisse constante et s’est établie à 4,64% en août. Le chômage a quant à lui atteint un plus bas historique à 2,4% en mars dernier et était à 3,1% en juillet 2023.
Tous les signaux semblent donc au vert pour l’économie mexicaine dont la résilience surprend la plupart des analystes. Comme beaucoup de pays dans la région, le Mexique a été impacté par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation. De plus, la hausse des taux d’intérêts et la crainte d’une récession aux Etats-Unis laissaient craindre un ralentissement de la dynamique mexicaine. Malgré cela, l’économie reste pour l’instant solide, à tel point que certains analystes parlent d’un “Moment Mexicain”.
La bonne santé de l’économie du Mexique s’explique par différents facteurs. Tout d'abord, le gouvernement mexicain a adopté une approche proactive en matière de politiques économiques. Le budget 2024, présenté récemment, prévoit une croissance économique continue (entre 2,5% et 3,5% en 2024) et une inflation maîtrisée. Ces projections optimistes sont le fruit de mesures fiscales responsables et de politiques budgétaires bien gérées. De plus la Banque centrale mexicaine, comme d’autres dans la région, a réussi à maintenir un environnement macroéconomique stable en anticipant l'inflation dès 2021, ce qui place aujourd’hui le pays dans une bonne situation.
Au-delà de cette bonne gestion économique, le Mexique est devenu une destination privilégiée pour le nearshoring (“délocalisation de proximité”) en tant que voisin des Etats-Unis. Un phénomène sur lequel le pays mise beaucoup et qui porte déjà ses fruits. Avec une main d’oeuvre qualifiée, productive et plutôt bon marché, de nombreuses entreprises viennent installer leurs usines et investir au Mexique pour atteindre le marché américain. Preuve que ce phénomène prend de l’ampleur, le Mexique est passé devant la Chine en tant que premier partenaire économique des États-Unis ces derniers mois. Un tournant historique qui laisse penser que les liens commerciaux entre les deux pays d’Amérique du Nord devraient se renforcer dans les années à venir.
Les liens étroits qui continuent de se tisser entre les deux pays signifient aussi une plus grande dépendance du Mexique à l’égard de l'économie américaine. Par conséquent, beaucoup d’interrogations subsistent sur la capacité du Mexique à résister à une possible récession aux Etats-Unis et certains analystes se demandent combien de temps ce “Moment Mexicain” peut durer.
Qui plus est, plusieurs dossiers restent sources de tensions entre le Mexique et les Etats-Unis. Deux différends commerciaux font actuellement l'objet de discussions au sein du USMCA (ex-Alena) : l’accès au secteur pétrolier mexicain et les restrictions du Mexique sur l’import de maïs américain. Deux dossiers qui illustrent le protectionnisme et l’indépendance affichée du président Lopez Obrador (AMLO), qui irritent parfois ses homologues américain et canadien.
Toutefois, le président mexicain est aujourd'hui en position de force. Malgré quelques sujets controversés sur le plan national, AMLO bénéficie d’un taux d’approbation exceptionnellement haut, à 65% en août, ce à un an de la fin de son mandat. Ne pouvant pas se présenter à sa succession, il a apporté son soutien à la candidate de son parti MORENA, Claudia Sheinbaum, qui a de grandes chances de devenir en juillet prochain la première femme présidente du Mexique et ainsi prolonger l'héritage d’AMLO.