Colombie : le président Petro en difficulté
Après six mois de mandat, la situation se complique pour Gustavo Petro dont l'entourage est visé par des affaires de corruption.
En Colombie, l’optimisme autour l’arrivée de Gustavo Petro au pouvoir semble peu à peu retomber. Le président, élu l’été dernier, fait face à plusieurs challenges qui touchent son entourage et remettent en cause son programme.
Le fils et le frère de Gustavo Petro ont en effet été accusés de corruption ces derniers jours. Nicolas Petro, fils du président et membre du Congrés, a été accusé par deux personnes d’avoir touché de l’argent provenant du trafic de drogue durant la campagne politique de son père. Ces déclarations ont poussé l’ouverture d’une enquête contre Nicolas Petro, qui a depuis démissionné de son poste et a dénoncé le “lynchage social et médiatique” dont il était la cible. L’affaire a provoqué une importante controverse en Colombie et est décrite comme une “bombe à retardement” pour le président. Gustavo Petro a nié toute implication et a à son tour demandé l’ouverture d’une enquête pour établir le bien-fondé des accusations contre son fils.
Les accusations contre Nicolas Petro surviennent après celles contre son frère Juan Fernando Petro fin janvier. Le frère du président est accusé d’avoir conclu des arrangements, financiers ou non, avec des membres de cartels afin qu’ils participent au plan de “paix totale” promu par Gustavo Petro. Des accusations là aussi réfutées par le président et son frère.
Les deux affaires ont nourri les critiques à l’égard du président et les appels à sa démission de la part des partis d’opposition, qui réclament désormais une enquête sur son implication dans les deux cas. Une situation qui met le président en difficulté, alors qu’il représente depuis longtemps la figure de la lutte contre la corruption. Qui plus est, la côte de popularité de Gustavo Petro a baissé ces derniers mois, après une période faste, passant sous la barre des 50%.
Certains analystes ont comparé la situation actuelle de Gustavo Petro à celle de l'ancien président colombien Ernesto Samper, qui avait fait face à un scandale similaire dans les années 1990. Samper avait été accusé de recevoir des contributions de campagne de trafiquants de drogue mais n’avait finalement pas été condamné. Néanmoins, sa présidence avait été marquée par la controverse et sa côte de popularité avait chuté.
Le mandat du premier président de gauche en Colombie semble donc se compliquer, ce à un moment clé. En effet, Gustavo Petro doit avancer plusieurs réformes majeures dans les prochaines semaines, mais les perspectives économiques de 2023 laissent planer le doute sur le financement de ces réformes. Avec un taux de croissance de 10,7% en 2021 et 8% en 2022, la Colombie a connu un fort rebond post-Covid-19, largement au-dessus de la moyenne régionale (3,6% en Amérique latine en 2022). Mais les conditions économiques qui ont permis cette progression ne semblent aujourd’hui plus réunies. A tel point que la croissance du PIB pour 2023 devrait connaître un fort ralentissement et atteindre entre 1,5% et 2% dans les meilleurs scénarios.
En 2023, la pression fiscale sur l’économie colombienne pourrait ainsi constituer un obstacle à l’agenda ambitieux de Gustavo Petro. Le gouvernement a récemment dévoilé son plan national de développement, qui doit être voté d’ici le mois de mai. Un plan qui porte sur la transition énergétique, la protection de l’environnement et la biodiversité et le dynamisme économique. Le président souhaite aussi mener une réforme du système de santé et du système des retraites.