Venezuela : reprise des négociations entre Maduro et l'opposition

Un an après la rupture des négociations par Nicolas Maduro, les deux camps ont accepté de reprendre le dialogue au Mexique

Dans un tweet publié ce mercredi, le président colombien Gustavo Petro a annoncé la reprise des discussions entre le gouvernement du Venezuela et l’opposition les 25 et 26 novembre, soit un an après leur interruption.

Initiées en septembre 2021 au Mexique et sous l’égide du gouvernement norvégien, les négociations entre le régime de Nicolas Maduro et l’opposition vénézuélienne visaient à rétablir progressivement le fonctionnement démocratique des institutions du Venezuela, en laissant l’opposition participer de façon libre aux élections locales. Cependant, le gouvernement de Nicolas Maduro avait quitté la table des négociations après l’extradition d’Alex Saab vers les Etats-Unis. Proche de longue date du président vénézuélien, Alex Saab faisait l’objet d’un mandat d’arrêt d’Interpol et des Etats-Unis pour blanchiment d’argent. Il avait été arrêté au Cap-Vert en 2020 alors que son avion y faisait escale. Son extradition en octobre 2021 avait provoqué la colère de Nicolas Maduro qui a toujours contesté les accusations à son encontre. Le cas d’Alex Saab semble aujourd’hui oublié et les conditions sont à nouveau favorables pour une reprise du dialogue, avec une approche certainement plus réaliste sur l’avenir du Venezuela.

Depuis 2019, la stratégie menée par les Etats-Unis et la Colombie avait consisté à soutenir Juan Guaido, leader de l’opposition, comme étant le seul président légitime. Mais cette stratégie supposait que Nicolas Maduro accepte de céder le pouvoir ; un scénario inenvisageable. Au contraire, le président vénézuélien a resserré son étau sur les institutions politiques du pays, l’opposition a vu son influence diminuer et le soutien à Juan Guaido s’est estompé. A tel point qu’aujourd’hui, les objectifs de l’opposition ont été revus à la baisse et la priorité est désormais donné à l’organisation d’élections par le régime de Nicolas Maduro. Les différents courants de l’opposition vénézuélienne se disent prêts à organiser des primaires et participer aux prochaines élections présidentielles qui devraient se tenir en 2024.

Nicolas Maduro bénéficie aujourd’hui d’un contexte favorable pour revenir à la table des négociations. L’élection de Joe Biden aux Etats-Unis a provoqué un changement de stratégie de la part de la diplomatie américaine, d’avantage ouverte au dialogue. De plus, la hausse du prix de pétrole a permis une amélioration des conditions économiques au Venezuela et les tensions sur l’approvisionnement en hydrocarbures à l’échelle mondiale ont récemment entraîné un allégement des sanctions américaines contre le régime de Nicolas Maduro. L'élection de Gustavo Petro en Colombie en juin dernier a également représenté un tournant pour l’avenir des négociations au Venezuela. Premier président de gauche en Colombie, Gustavo Petro a souhaité changer d’approche dans les relations entre la Colombie et son voisin. La reprise des relations diplomatiques en août dernier et la réouverture totale de la frontière ont représenté les premières étapes de ce renouveau. Enfin, la rencontre entre représentants du gouvernement Maduro et de l’opposition au Forum pour la Paix de Paris le 11 novembre dernier a laissé entendre qu’une reprise des négociations était possible.

Les discussions auront à nouveau lieu au Mexique, avec la participation des représentants du gouvernement norvégien. Pour l’opposition, la priorité sur le court terme est d’obtenir un accord sur une série de mesures sociales visant à améliorer les conditions de vie des Vénézuéliens. Les deux parties devront également s’entendre sur un agenda pour pérenniser la tenue de ces discussions.