Le secteur de l'élevage au Brésil
1. Introduction
Le Brésil est l’un des plus grands acteurs mondiaux du secteur de l’élevage, notamment dans la production de bœuf, volaille et porc. Le pays est le premier exportateur mondial de viande bovine et l’un des principaux producteurs de volaille, contribuant ainsi de manière significative à son économie nationale. Le secteur de l’élevage représente environ 7 % du PIB brésilien et emploie des millions de personnes, directement et indirectement.
Photo: Leo Ramos Chave / Revista Pesquisa FAPESP
L’expansion de l’élevage au Brésil a été rendue possible grâce à l’abondance de terres, au climat favorable et aux investissements dans les technologies agricoles. Cependant, il est aussi au cœur de controverses environnementales, notamment en raison de son impact sur la déforestation de l’Amazonie et des émissions de gaz à effet de serre.
Le secteur doit donc relever plusieurs défis pour concilier croissance économique, productivité et durabilité.
2. Les principaux segments de l’élevage brésilien
2.1. L’élevage bovin
Le Brésil possède le plus grand cheptel bovin du monde, avec plus de 230 millions de têtes de bétail. Il est le premier exportateur mondial de viande bovine, avec des marchés clés comme la Chine, l’Union européenne et les États-Unis.
Les principaux États producteurs sont le Mato Grosso, le Pará et le Goiás, où d’immenses exploitations, appelées fazendas, pratiquent l’élevage extensif sur des millions d’hectares.
Ces dernières années, le Brésil a développé des pratiques visant à améliorer la productivité et la durabilité, comme l’intégration agriculture-élevage-foresterie (IAEF) et l’utilisation de pâturages améliorés pour réduire la pression sur les terres forestières.
2.2. L’élevage de volaille
Le Brésil est également un leader mondial de la production et de l’exportation de volaille, en particulier de poulet. Il est le premier exportateur mondial et le deuxième producteur après les États-Unis.
Les exportations brésiliennes de volaille sont destinées à plus de 150 pays, dont des marchés stratégiques comme l’Arabie saoudite, la Chine et l’Europe.
Le sud du pays, notamment les États du Paraná, Santa Catarina et Rio Grande do Sul, est le principal pôle de production avicole, où des entreprises comme BRF et JBS dominent le marché.
2.3. L’élevage porcin
L’élevage porcin est également un secteur important, bien que moins développé que le bovin et l’avicole. Le Brésil est le quatrième producteur mondial de porc et le quatrième exportateur, principalement vers la Chine et la Russie.
Le secteur est particulièrement concentré dans les États du Santa Catarina et du Rio Grande do Sul, où des modèles de production intensive dominent, combinant élevage industriel et alimentation à base de soja et de maïs produits localement.
3. Les défis du secteur de l’élevage au Brésil
3.1. Déforestation et impact environnemental
Le principal défi du secteur de l’élevage au Brésil est son impact environnemental, en particulier la déforestation en Amazonie. L’expansion des pâturages pour l’élevage est l’une des principales causes de la destruction de la forêt amazonienne, ce qui entraîne des pertes de biodiversité et contribue aux émissions de CO₂.
Des pressions internationales croissantes poussent le Brésil à adopter des pratiques plus durables, comme la traçabilité des produits et la réduction de l’empreinte écologique des exploitations.
3.2. Dépendance aux exportations et volatilité des marchés
Le Brésil dépend fortement des exportations de viande, notamment vers la Chine, qui représente plus de 40 % des exportations de bœuf brésilien. Toute fluctuation de la demande chinoise ou restriction commerciale peut fortement impacter le secteur.
De plus, les prix des matières premières, notamment le soja et le maïs utilisés pour nourrir les animaux, influencent directement la rentabilité des éleveurs.
3.3. Questions sanitaires et normes internationales
Le Brésil a fait face à plusieurs scandales sanitaires, notamment avec l’affaire de la "Carne Fraca" en 2017, où des pratiques frauduleuses ont été découvertes dans certains abattoirs. Ces événements ont entraîné des restrictions commerciales et une surveillance accrue de la part des importateurs.
Le respect des normes sanitaires et de bien-être animal est un enjeu majeur pour maintenir l'accès aux marchés internationaux et garantir la confiance des consommateurs.
4. Politiques publiques et initiatives pour un élevage durable
Le gouvernement brésilien et le secteur privé ont lancé plusieurs initiatives pour améliorer la durabilité de l’élevage tout en maintenant sa compétitivité.
4.1. Certification et traçabilité
Des initiatives comme le Programme de traçabilité bovine brésilienne (SISBOV) permettent d’assurer une meilleure transparence dans la chaîne de production et de répondre aux exigences des marchés étrangers.
Certaines entreprises adoptent également des labels verts, comme la certification Rainforest Alliance ou Carne Carbono Neutro, qui garantissent une production plus respectueuse de l’environnement.
4.2. Technologies et innovation
L’adoption de techniques agricoles intelligentes permet d’améliorer la productivité sans augmenter la déforestation. L’utilisation de drones, de capteurs intelligents et de logiciels de gestion des troupeaux aide les éleveurs à optimiser leurs ressources.
4.3. Financement et incitations gouvernementales
Le Plan agricole et d’élevage du gouvernement brésilien encourage l’intensification durable de l’élevage, avec des financements pour l’achat de technologies vertes et des subventions pour la récupération des pâturages dégradés.
5. Perspectives d’avenir
L’avenir du secteur de l’élevage au Brésil repose sur un équilibre entre croissance économique et durabilité environnementale.
Avec une demande mondiale croissante en protéines animales, notamment en Asie, le Brésil continuera d’être un acteur clé du commerce international de la viande. L’expansion des exportations vers des marchés émergents, comme l’Indonésie et l’Égypte, pourrait réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine.
Cependant, l’élevage brésilien devra répondre aux exigences environnementales croissantes des consommateurs et des investisseurs internationaux. La traçabilité des produits, la réduction de la déforestation et l’adoption de modèles d’élevage plus durables seront des priorités pour garantir la pérennité du secteur.
Enfin, le développement de la viande cultivée en laboratoire et des protéines alternatives pourrait à long terme transformer la structure du marché mondial. Le Brésil, avec son expertise dans la biotechnologie agricole, pourrait jouer un rôle dans cette transition vers des alternatives plus écologiques.
En conclusion, bien que confronté à des défis importants, le secteur de l’élevage au Brésil possède des atouts considérables pour maintenir son leadership mondial, à condition d’intégrer pleinement les exigences de durabilité et d’innovation.