Amérique latine : ralentissement de la croissance en 2023 (FMI)
Selon les dernières estimations du FMI, la croissance dans la région devrait être plus forte que prévue en 2022, avant de connaître une baisse en 2023.
Dans son dernier rapport publié la semaine dernière, le FMI souligne la croissance positive en Amérique latine en 2022, soutenue par les prix élevés des matières premières, une forte demande extérieure, la hausse du montant des remesas (envois d’argent depuis l’extérieur) et la reprise du tourisme. Le Fonds a ainsi relevé sa projection de croissance du PIB pour l’année 2022 en Amérique latine et Caraïbes, à 3,5% contre 3% auparavant.
Cependant, l’institution basée à Washington précise aussi que la région devrait voir ses capacités de financement se réduire, ce qui pourrait fragiliser l’activité économique en 2023, et prévoit donc un taux de croissance à 1,7%.
En 2021 et 2022, la majorité des banques centrales latino-américaines a réussi à anticiper l’inflation globale en procédant à des hausses de taux d’intérêt plus tôt que dans le reste du monde. Cette politique permet aujourd’hui d’entrevoir une atténuation de l’inflation dans les prochains mois. C’est par exemple le cas au Brésil où la banque centrale avait commencé à relever ses taux dès le mois de mars 2021 et où le pic de l’inflation semble avoir été franchi : 12,1% en avril et 8% en septembre 2022. A l’été 2021, la Colombie et le Chili avaient également amorcé une hausse de leurs taux d’intérêt ; ceux-ci devraient se stabiliser d’ici la fin de l’année. La même politique d’anticipation a été conduite au Pérou et au Mexique de façon plus modérée. Une tendance qui a permis, tant bien que mal, de limiter les dégâts de l’inflation en 2022 et qui explique en partie une réévaluation à la hausse de la croissance dans la région.
Les banques centrales latino-américaines doivent désormais se préparer à la hausse des taux d’intérêts dans les pays du Nord et notamment aux Etats-Unis et en Europe. Depuis le mois de mai 2022, la Federal Reserve a amorcé une hausse de son taux directeur, qui a dépassé 2,5% en septembre pour la première fois depuis 2008. En Europe, la hausse du taux directeur de la BCE initiée en juin devrait également se poursuivre dans les prochains mois.
Cette hausse des taux d’intérêts va provoquer une baisse des prix des matières premières dans les prochains mois et se répercuter sur les principales sources de financement des économies latino-américaines : les exportations, les remesas et le tourisme. Toutefois, l’inflation, qui s’est propagée à d’autres secteurs que l’énergie et l’alimentation, devrait baisser moins vite que prévu. Le FMI estime qu’elle atteindrait en moyenne 14,6% dans la région en 2022 et 9,5% en 20231. Dans ce contexte, l’équilibre budgétaire des pays latino-américains et des entreprises sera mis à rude épreuve et les capacités d’investissement, de création d’emplois et d’augmentation des salaires seront réduites.
Le FMI souligne enfin que la baisse des taux d’intérêts devra se faire progressivement et en parallèle avec un ajustement de la politique fiscale, ce afin d’assurer une certaine stabilité des prix et de protéger les ménages les plus vulnérables.