Argentine : Javier Milei élu président

Javier Milei a remporté ce dimanche le second tour de l’élection présidentielle en Argentine.

Javier Milei celèbre sa victoire à l’élection présidentielle argentine aux côtés de sa sœur Karina. Photo : REUTERS/Agustin Marcaire

Alors que les sondages annonçaient un scrutin serré et même parfois une victoire de Sergio Massa, Javier Milei a finalement remporté l’élection avec une avance confortable, avec 56% des votes contre 44% pour Sergio Massa, l’actuel ministre de l’économie ; la participation était de 76%. Le candidat du camp présidentiel a reconnu sa défaite tôt dans la soirée, avant même que les premiers résultats officiels ne soient connus. Sergio Massa a appelé au dialogue, au respect de la paix sociale et de la transition démocratique. Cependant, il a également insinué que l’économie argentine était désormais hors de son contrôle, insinuant qu’il pourrait démissionner dans les prochains jours. La victoire de Javier Milei a également été rapidement reconnue par le président Alberto Fernandez ainsi que par le président du Brésil Lula.

L’élection de Javier Milei à la présidence vient couronner une ascension spectaculaire pour le candidat d’extrême droite qui s’est immiscé dans le paysage politique argentin en 2020 et qui a fondé son mouvement La Libertad Avanza il y a seulement deux ans et demi.

Javier Milei a pleinement bénéficié des voix du parti centriste Juntos por el Cambio et en particulier de deux figures importantes : la candidate Patricia Bullrich et l’ancien président Mauricio Macri. Les analystes politiques argentins reconnaissaient que le score de Milei était aussi une grande victoire pour Macri et Bullrich, qui devraient disposer d’un poids politique important dans la transition qui s’ouvre.

Il s’agit d’une défaite retentissante pour le camp présidentiel et le courant kirchnerniste en Argentine. La machine électorale péroniste qui s’était activée lors du premier tour a en réalité atteint ses limites. Dans l’intérieur du pays, le vote pour Sergio Massa a fortement reculé par rapport au premier tour. Sergio Massa n’est sorti vainqueur que dans 3 provinces du pays. Le vote dans la province de Buenos Aires où le camp kirchneriste est traditionnellement soutenu n’a pas été suffisant pour renverser la tendance.

Répartition des votes par province pour Sergio Massa (bleu) et Javier Milei (violet) au second tour de l’élection présidentielle - Source : La Nacion

Dans son discours, Javier Milei a parlé d’une “nuit historique pour l’Argentine”, qui marquait le début de la reconstruction du pays. Le président élu a adopté un ton très mesuré tout en affirmant qu’il comptait respecter ses promesses de campagne. Javier Milei a remercié Patricia Bullrich et Mauricio Macri et s’est dit prêt à discuter avec tous ceux qui voulaient travailler en faveur d’une nouvelle Argentine, affirmant que “le futur de l’Argentine n’existe que si il est libéral”. Répondant à Sergio Massa, il a appelé à la responsabilité du gouvernement actuel, qui doit rester en charge de l’économie d’ici à la transition du 10 décembre.

L’Argentine plonge désormais dans l’inconnu et dans une période de transition qui pourrait s’avérer difficile. Il est en effet possible que des manifestations aient lieues dans les prochains semaines (notamment de la part des syndicats) et que la pression monte sur Javier Milei s’il tarde à dévoiler un gouvernement cohérent. La situation économique, déjà critique, pourrait être d’autant plus instable dans les prochains mois, jusqu’à ce que les premières réformes de Javier Milei soient détaillées.

Le président élu a annoncé depuis des mois vouloir dollariser l’économie, supprimer la banque centrale et “découper à la tronçonneuse” les dépenses publiques. Il souhaite notamment réduire drastiquement le nombre de ministères en se focalisant en priorité sur l’économie et la lutte contre l’insécurité. Ce programme qui constituerait un virage à 180 degrés pour l’Argentine a été très critiqué, y compris par de nombreux économistes étrangers, qui le jugent impossible à mettre en œuvre.

Javier Milei va désormais devoir se mettre dans la peau d’un président et non plus d’un candidat et changer sa façon de faire de la politique. L’homme aux deux visages, parfois totalement excentrique, parfois plus raisonnable, devra faire preuve de dialogue et de consensus s’il souhaite capitaliser sur le soutien important qu’il a obtenu lors de ce second tour.